Voici la motion déposée au CA du collège le 30 juin 2015.
Les services académiques ne nous ont transmis aucune réponse à ce jour.
Depuis quelques jours, nous avons appris que certains
collèges pourront maintenir leur section bilangue en 2016. Ce n'est pas le cas
pour le collège de Mouthe. Nous invitons les parents et futurs parents à nous
contacter (mail apesource@yahoo.fr )
s'ils souhaitent que le collège de Mouthe maintienne sa section bilangue et
nous aider à réaliser des actions publiques en ce sens."
Voici le texte de la motion:
Motion présentée au Conseil
d'Administration du collège La Source de Mouthe du 30 juin 2015
Les
représentants des parents d'élèves du collège La Source de Mouthe,
À
Monsieur le Recteur de l'académie de Besançon,
Monsieur
le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale du Doubs,
Mesdames
et messieurs les membres du conseil d'administration du collège.
Nous,
parents d'élèves élus du collège La Source de Mouthe, tenons à vous exprimer
notre grande inquiétude concernant la réforme du collège prévue pour la rentrée
2016 et ses conséquences sur l'offre éducative proposée par notre collège.
Sur la suppression des enseignements existants.
Actuellement,
le collège permet aux élèves du secteur :
1.
d'étudier
l'allemand, en plus de l'anglais, dès la sixième en classe bilangue ;
2.
d'étudier
le latin, dès la cinquième ;
3.
de
choisir l'option « classe européenne » dès la quatrième ;
4.
de
choisir l'option « découverte professionnelle » en troisième.
La
population des parents d'élèves du secteur de Mouthe est principalement issue
des milieux ouvrier et agricole,
travaillant en France ou en Suisse. Il y a peu de cadres moyens ou supérieurs,
et le choix des options indiquées ci-dessus est très souvent le fait de l'élève
lui-même, et non de ses parents. Les élèves ayant choisi ces options sont
d'origine socio-professionnelle très diverse. Les classes sont la plupart du
temps complétées par des élèves ne choisissant pas ces options, favorisant
ainsi l’hétérogénéité souhaitée par Madame la Ministre. Il n'y a pas d'effet
élitiste autre que par la motivation de l'élève lui-même, et les professeurs
comme le chef d'établissement s'attachent à la réussite de tous.
Or,
en l'état actuel des discussions et de l'arrêté ministériel quant à la future
loi de réforme du collège, ces options disparaissent, aucune école du
secteur ne faisant allemand en première langue. Sur les quatre ans
d'enseignement du collège, c'est 162 h d'allemand en moins pour les élèves de
la classe bilangue ; c'est 288 h de latin en moins pour les élèves ayant
choisi l'option latin, et ce n'est pas un EPI de quelques heures qui permettra
de garder le même niveau de connaissances ; c'est 144 h de culture européenne
en moins pour les élèves ayant choisi l'option « classe
européenne » ; c'est 72 h de découverte professionnelle en moins pour
ceux ayant choisi cette option.
Nous en sommes extrêmement inquiets, car c'est également un risque de démotivation des élèves et une diminution de la culture générale que le collège peut offrir à la jeune population du Haut-Doubs, où, vous vous en doutez, l'offre culturelle privée est quasi absente. Il n'y a rien qui permettra de remplacer ces disparitions, contrairement à des villes de tailles plus importantes, où des activités périscolaires permettront aux élèves curieux de réaliser leurs souhaits.
Nous en sommes extrêmement inquiets, car c'est également un risque de démotivation des élèves et une diminution de la culture générale que le collège peut offrir à la jeune population du Haut-Doubs, où, vous vous en doutez, l'offre culturelle privée est quasi absente. Il n'y a rien qui permettra de remplacer ces disparitions, contrairement à des villes de tailles plus importantes, où des activités périscolaires permettront aux élèves curieux de réaliser leurs souhaits.
Sur le volume horaire et l'organisation des enseignements.
Nous
sommes également très inquiets quant à la nouvelle organisation horaire, car il
est difficile de comprendre exactement l'offre éducative proposée à chaque
élève. La mise en place d'aide personnalisée (AP) pour tous, et d'enseignement
pratique interdisciplinaire (EPI), qui, en soi, sont de bonnes idées, se
fait malheureusement au détriment des horaires d'enseignement classique, au
lieu d'en être un complément (comme l'étaient les IDD, itinéraires de
découvertes). La grille horaire, tant de l'élève que des professeurs, en
devient illisible.
Voici
un tableau comparatif des horaires du collège en 2015 et en 2016.
|
En 2015
|
En 2016
|
|||
|
Enseignement
commun
|
Aide
personnalisée
|
Enseignement
commun
|
Aide
personnalisée
|
EPI
|
6ème
|
24 h 30
|
2 h
|
23 h
|
3 h
|
-
|
5ème
|
23 h 30
|
-
|
22 h
|
4 h à répartir
|
|
4ème
|
26 h 30
|
-
|
22 h
|
4 h à répartir
|
|
3ème
|
28 h 30
|
-
|
22 h
|
4 h à répartir
|
|
Total
des 4 années pour 36 semaines par an
|
3708 h
|
72 h
|
3204 h
|
216 h à 324 h
|
324 à 216 h
|
Il
y a une diminution drastique du nombre d'heures « enseignement
commun » ou « classique », puisque l'on passe de 3708 h à
3204 h. Soit plus de 500 h d'enseignement commun en moins !
Et
n'est pas indiquée là la disparition des heures optionnelles dont nous avons
déjà exprimé notre crainte en première partie de cette motion.
Ces
500 h manquantes seraient réalisées lors des EPI et de l'aide personnalisée.
Or, aucune dotation horaire spécifique ne semble être prévue pour permettre aux
enseignants de concevoir les EPI, et nous craignons que leur complexité amène à
un résultat inverse à ce qui est souhaité. Nous craignons que, pour une notion
donnée, les EPI soient chronophages et qu'au final, l'ensemble du programme ne
soit pas réalisé.
Un
grand flou entoure également les trois heures supplémentaires enseignants
prévues par la réforme du collège : est-ce pour l'organisation en
demi-groupe des sciences et technologies, comme cela se faisait avant, ou
celles-ci sont déjà incluses dans les 22 h d'enseignement
« classique » ? Est-ce pour permettre de réaliser l'aide
personnalisée en petit groupe, ce qui permettrait de donner un sens à cette
activité ? Est-ce pour réaliser des enseignements optionnels comme le
latin ? Est-ce pour réaliser des EPI en demi-groupe ou avec deux
enseignants en même temps ? Il est évident que tout ne pourra pas se
faire, sachant que la seule organisation de l'aide personnalisée en demi-groupe
« consomme » déjà ces trois heures.
Nous craignons donc que l'ambition affichée par le ministère avec cette
réforme n'amène dans les faits qu'à une organisation insuffisante pour réaliser les objectifs
demandés. 4 000 embauches pour 7 100 collèges, c'est à peine plus d'un
demi-poste (10 h) par collège. On est loin des 51 h nécessaires pour le collège
de Mouthe.
Nous
craignons donc sérieusement que les 500 h « d'enseignement
classique » manquantes ne puissent être efficacement remplacées par l'aide
personnalisée et les EPI, en raison du manque de moyen annoncé, du flou quant à
l’organisation et la complexité de mise en œuvre.
Sur l'organisation en cycle et la mobilité des élèves.
La
réforme du collège modifie les cycles d'enseignement en créant un cycle 3 à
cheval entre l'école primaire et le collège. Collège rural, Mouthe est ainsi la
destination de près de 10 établissements. Les contraintes propres à chaque
établissement (certaines écoles primaires ont des classes à un niveau, d'autres
à deux ou trois niveaux) risquent d'amener à une impossibilité d'organisation,
et donc de fonctionnement, de ce cycle 3. Que se passera-t-il si un
établissement scolaire ne peut pas, ou ne veut pas utiliser les progressions de
cycle définies en commun ? Comment s'effectuera, au niveau des écoles
primaires, la transition entre une progression actuellement mise en œuvre, et
la nouvelle progression commune ? Que pourra faire l'établissement de
Vaux-et-Chantegrue par exemple, qui envoie des élèves à la fois au collège de
Mouthe et au collège de Frasne ? Quels enseignements les élèves des écoles
primaires privées de Mouthe et Labergement-Ste-Marie auront-ils eus dans leurs
deux premières années de cycle 3 ? En d'autres termes, le collège privé de
Labergement-Ste-Marie devra-t-il suivre les progressions définies par le
collège de Mouthe, ou négociera-t-il les siennes avec les écoles primaires
privées ?
Comme
vous pouvez le voir, la réforme amène beaucoup de questions sans réponse.
Nous
sommes d'autant plus inquiets que la mobilité des élèves, de part
l'attractivité de la Suisse voisine, est importante dans notre région. Il n'est
pas rare de voir des élèves partir et arriver en cours de scolarité au collège,
ou même en cours d'année. Certains élèves auront donc commencé un cycle dans un
lieu géographique ayant sa propre organisation, et le termineront dans un autre
lieu, avec une autre organisation. Quel sens ces élèves pourront-ils donner aux
EPI entamés et non terminés du premier lieu, et aux EPI pris en cours de route
dans le second lieu ? Comment pourront-ils décemment passer le DNB
nouveau, où deux EPI devront être présentés, s'ils n'ont pas eux-mêmes assisté
à ceux-ci, ou s'ils présentent des EPI de leur lieu d'origine dont les
enseignants de Mouthe n'ont pas connaissance ? Comment pourront-ils se
retrouver, si les progressions et/ou les volumes horaires de chaque matière par
niveau sont fondamentalement différents entre
le lieu de départ et celui d'arrivée, la modulation à ces sujets étant
autorisée par la réforme ?
Il
y a beaucoup de questions et nous craignons qu'il n'y ait pas de réponse. La
volonté de Madame la Ministre est la réussite de tous les élèves, et nous ne
pouvons qu'être en accord avec cet objectif. Cependant, nous avons l'impression
que la réforme a été pensée pour des collèges urbains, avec peu
d'établissements primaires qui y sont reliés, et peu de mobilité de la part des
élèves. C'est tout le contraire de notre établissement, de notre région. Nous
craignons donc que la mise en œuvre de cette réforme ne pose beaucoup plus de
problèmes qu'elle n'en résout, et fasse plus de mal que de bien.
Nous
souhaitons que soient prises en compte les spécificités des collèges ruraux
comme celui de La Source à Mouthe, en nous permettant d'éviter de perdre les
quelques options que celui-ci offre à ses élèves, à savoir :
·
l'option
bilangue dès la 6ème ;
·
l'option
latin dès la 5ème ;
·
l'option
classe européenne dès la 4ème ;
·
l'option
DP 3 en 3ème.
Nous
remercions les membres du conseil d'administration pour leur attention à ces
sujets.