jeudi 11 février 2016

Classe bilangue au collège: égalité au piquet!


Les suppressions de classes bilangues sont moins importantes que ce qui était prévu.
 Oui, mais il y a des suppressions partout, sauf à Paris. Cela varie en fait beaucoup d'une académie à l'autre puisqu'on a laissé le choix du maintien des classes bilangues entre les mains des recteurs. On crée des inégalités territoriales
L'association des parents d'élèves du collège a donc décidé d'interpeller, Madame la Ministre de l'éducation, Madame Vallaud Belkacem, en lui adressant une lettre. Nous avons également envoyé cette lettre à Monsieur le Recteur d'Académie.
Voici une copie de cette lettre:



non remplacement des enseignants

Pour les parents concernés par le non remplacement d'un professeur , nous conseillons d'envoyer une lettre à l'attention de Monsieur le Recteur, 10 rue de la Convention, 25030 Besançon Cedex.
Il est important d'être le plus nombreux possible.

Voici un modèle de lettre:

Mouthe, le 2 février 2016
Monsieur Dupont
6, rue du paradis
25240 Mouthe


A l’attention de M. Jean-François CHANET,
Recteur de l’académie de Besançon et de la région académique Bourgogne-Franche-Comté
10 rue de la Convention
25030 Besançon Cedex


Objet : Demande urgente de remplacement d'un professeur absent


Monsieur le Recteur,
Je me permets d'intervenir auprès de vous en ma qualité de parent de Dupont ....., élève en classe de .... dans l'établissement du collège La source, 22 rue Cart Broumet, 25240 Mouthe.
Je vous alerte sur l'absence non remplacée depuis le ................(soit plus de X semaines qui s’ajoutent à une première absence non remplacée du  au      ) de Monsieur ( Madame)               , professeur de            , ce qui est extrêmement préjudiciable à la scolarité de mon enfant.
Comme vous le savez, l'Éducation Nationale a l'obligation légale d'assurer l'enseignement de toutes les matières obligatoires inscrites aux programmes d'enseignement tels qu'ils sont définis par les dispositions législatives et réglementaires en vigueur selon les horaires réglementaires prescrits. Or, le manquement à cette obligation légale qui a pour effet de priver un élève de l'enseignement considéré pendant une période appréciable, est constitutif d'une faute de nature à engager la responsabilité de l'État, comme l'a jugé le conseil d'État dans son arrêt de principe du 27 janvier 1988.
En outre, le fait d'être privé des enseignements obligatoires fait perdre à mon enfant une chance de réussite à ses examens et peut porter atteinte à la réussite de sa scolarité et à son orientation.
Bien évidemment, mon souhait est de solutionner à l'amiable cette difficulté en obtenant au plus vite le remplacement du professeur absent.
Je vous remercie de me tenir informé des suites données à ma demande urgente de remplacement, et à défaut je me réserve de faire valoir mes droits en justice.
Veuillez agréer, Monsieur le Recteur, l'expression de mes salutations distinguées.


M. Dupont

mercredi 3 février 2016

Réforme des collèges


Voici la motion déposée au CA du collège le 30 juin 2015. Les services académiques ne nous ont transmis aucune réponse à ce jour.

Depuis quelques jours, nous avons appris que certains collèges pourront maintenir leur section bilangue en 2016. Ce n'est pas le cas pour le collège de Mouthe. Nous invitons les parents et futurs parents à nous contacter (mail apesource@yahoo.fr ) s'ils souhaitent que le collège de Mouthe maintienne sa section bilangue et nous aider à réaliser des actions publiques en ce sens."


Voici le texte de la motion:


Motion présentée au Conseil d'Administration du collège La Source de Mouthe du 30 juin 2015


Les représentants des parents d'élèves du collège La Source de Mouthe,

À Monsieur le Recteur de l'académie de Besançon,
Monsieur le Directeur Académique des Services de l’Éducation Nationale du Doubs,
Mesdames et messieurs les membres du conseil d'administration du collège.


Nous, parents d'élèves élus du collège La Source de Mouthe, tenons à vous exprimer notre grande inquiétude concernant la réforme du collège prévue pour la rentrée 2016 et ses conséquences sur l'offre éducative proposée par notre collège.

Sur la suppression des enseignements existants.

Actuellement, le collège permet aux élèves du secteur :
1.      d'étudier l'allemand, en plus de l'anglais, dès la sixième en classe bilangue ;
2.      d'étudier le latin, dès la cinquième ;
3.      de choisir l'option « classe européenne » dès la quatrième ;
4.      de choisir l'option « découverte professionnelle » en troisième.

La population des parents d'élèves du secteur de Mouthe est principalement issue des milieux ouvrier et  agricole, travaillant en France ou en Suisse. Il y a peu de cadres moyens ou supérieurs, et le choix des options indiquées ci-dessus est très souvent le fait de l'élève lui-même, et non de ses parents. Les élèves ayant choisi ces options sont d'origine socio-professionnelle très diverse. Les classes sont la plupart du temps complétées par des élèves ne choisissant pas ces options, favorisant ainsi l’hétérogénéité souhaitée par Madame la Ministre. Il n'y a pas d'effet élitiste autre que par la motivation de l'élève lui-même, et les professeurs comme le chef d'établissement s'attachent à la réussite de tous.

Or, en l'état actuel des discussions et de l'arrêté ministériel quant à la future loi de réforme du collège, ces options disparaissent, aucune école du secteur ne faisant allemand en première langue. Sur les quatre ans d'enseignement du collège, c'est 162 h d'allemand en moins pour les élèves de la classe bilangue ; c'est 288 h de latin en moins pour les élèves ayant choisi l'option latin, et ce n'est pas un EPI de quelques heures qui permettra de garder le même niveau de connaissances ; c'est 144 h de culture européenne en moins pour les élèves ayant choisi l'option « classe européenne » ; c'est 72 h de découverte professionnelle en moins pour ceux ayant choisi cette option.

Nous en sommes extrêmement inquiets, car c'est également un risque de démotivation des élèves et une diminution de la culture générale que le collège peut offrir à la jeune population du Haut-Doubs, où, vous vous en doutez, l'offre culturelle privée est quasi absente. Il n'y a rien qui permettra de remplacer ces disparitions, contrairement à des villes de tailles plus importantes, où des activités périscolaires permettront aux élèves curieux de réaliser leurs souhaits.


Sur le volume horaire et l'organisation des enseignements.

Nous sommes également très inquiets quant à la nouvelle organisation horaire, car il est difficile de comprendre exactement l'offre éducative proposée à chaque élève. La mise en place d'aide personnalisée (AP) pour tous, et d'enseignement pratique interdisciplinaire (EPI), qui, en soi, sont de bonnes idées, se fait malheureusement au détriment des horaires d'enseignement classique, au lieu d'en être un complément (comme l'étaient les IDD, itinéraires de découvertes). La grille horaire, tant de l'élève que des professeurs, en devient illisible.

Voici un tableau comparatif des horaires du collège en 2015 et en 2016.


En 2015
En 2016

Enseignement commun
Aide personnalisée
Enseignement commun
Aide personnalisée
EPI
6ème
24 h 30
2 h
23 h
3 h
-
5ème
23 h 30
-
22 h
4 h à répartir
4ème
26 h 30
-
22 h
4 h à répartir
3ème
28 h 30
-
22 h
4 h à répartir
Total des 4 années pour 36 semaines par an
3708 h
72 h
3204 h
216 h à 324 h
324 à 216 h

Il y a une diminution drastique du nombre d'heures « enseignement commun » ou « classique », puisque l'on passe de 3708 h à 3204 h. Soit plus de 500 h d'enseignement commun en moins !

Et n'est pas indiquée là la disparition des heures optionnelles dont nous avons déjà exprimé notre crainte en première partie de cette motion.

Ces 500 h manquantes seraient réalisées lors des EPI et de l'aide personnalisée. Or, aucune dotation horaire spécifique ne semble être prévue pour permettre aux enseignants de concevoir les EPI, et nous craignons que leur complexité amène à un résultat inverse à ce qui est souhaité. Nous craignons que, pour une notion donnée, les EPI soient chronophages et qu'au final, l'ensemble du programme ne soit pas réalisé.

Un grand flou entoure également les trois heures supplémentaires enseignants prévues par la réforme du collège : est-ce pour l'organisation en demi-groupe des sciences et technologies, comme cela se faisait avant, ou celles-ci sont déjà incluses dans les 22 h d'enseignement « classique » ? Est-ce pour permettre de réaliser l'aide personnalisée en petit groupe, ce qui permettrait de donner un sens à cette activité ? Est-ce pour réaliser des enseignements optionnels comme le latin ? Est-ce pour réaliser des EPI en demi-groupe ou avec deux enseignants en même temps ? Il est évident que tout ne pourra pas se faire, sachant que la seule organisation de l'aide personnalisée en demi-groupe « consomme » déjà ces trois heures.  Nous craignons donc que l'ambition affichée par le ministère avec cette réforme n'amène dans les faits qu'à une organisation  insuffisante pour réaliser les objectifs demandés. 4 000 embauches pour 7 100 collèges, c'est à peine plus d'un demi-poste (10 h) par collège. On est loin des 51 h nécessaires pour le collège de Mouthe.

Nous craignons donc sérieusement que les 500 h « d'enseignement classique » manquantes ne puissent être efficacement remplacées par l'aide personnalisée et les EPI, en raison du manque de moyen annoncé, du flou quant à l’organisation et la complexité de mise en œuvre.


Sur l'organisation en cycle et la mobilité des élèves.

La réforme du collège modifie les cycles d'enseignement en créant un cycle 3 à cheval entre l'école primaire et le collège. Collège rural, Mouthe est ainsi la destination de près de 10 établissements. Les contraintes propres à chaque établissement (certaines écoles primaires ont des classes à un niveau, d'autres à deux ou trois niveaux) risquent d'amener à une impossibilité d'organisation, et donc de fonctionnement, de ce cycle 3. Que se passera-t-il si un établissement scolaire ne peut pas, ou ne veut pas utiliser les progressions de cycle définies en commun ? Comment s'effectuera, au niveau des écoles primaires, la transition entre une progression actuellement mise en œuvre, et la nouvelle progression commune ? Que pourra faire l'établissement de Vaux-et-Chantegrue par exemple, qui envoie des élèves à la fois au collège de Mouthe et au collège de Frasne ? Quels enseignements les élèves des écoles primaires privées de Mouthe et Labergement-Ste-Marie auront-ils eus dans leurs deux premières années de cycle 3 ? En d'autres termes, le collège privé de Labergement-Ste-Marie devra-t-il suivre les progressions définies par le collège de Mouthe, ou négociera-t-il les siennes avec les écoles primaires privées ?

Comme vous pouvez le voir, la réforme amène beaucoup de questions sans réponse.

Nous sommes d'autant plus inquiets que la mobilité des élèves, de part l'attractivité de la Suisse voisine, est importante dans notre région. Il n'est pas rare de voir des élèves partir et arriver en cours de scolarité au collège, ou même en cours d'année. Certains élèves auront donc commencé un cycle dans un lieu géographique ayant sa propre organisation, et le termineront dans un autre lieu, avec une autre organisation. Quel sens ces élèves pourront-ils donner aux EPI entamés et non terminés du premier lieu, et aux EPI pris en cours de route dans le second lieu ? Comment pourront-ils décemment passer le DNB nouveau, où deux EPI devront être présentés, s'ils n'ont pas eux-mêmes assisté à ceux-ci, ou s'ils présentent des EPI de leur lieu d'origine dont les enseignants de Mouthe n'ont pas connaissance ? Comment pourront-ils se retrouver, si les progressions et/ou les volumes horaires de chaque matière par niveau sont fondamentalement différents entre  le lieu de départ et celui d'arrivée, la modulation à ces sujets étant autorisée par la réforme ?

Il y a beaucoup de questions et nous craignons qu'il n'y ait pas de réponse. La volonté de Madame la Ministre est la réussite de tous les élèves, et nous ne pouvons qu'être en accord avec cet objectif. Cependant, nous avons l'impression que la réforme a été pensée pour des collèges urbains, avec peu d'établissements primaires qui y sont reliés, et peu de mobilité de la part des élèves. C'est tout le contraire de notre établissement, de notre région. Nous craignons donc que la mise en œuvre de cette réforme ne pose beaucoup plus de problèmes qu'elle n'en résout, et fasse plus de mal que de bien.



Nous souhaitons que soient prises en compte les spécificités des collèges ruraux comme celui de La Source à Mouthe, en nous permettant d'éviter de perdre les quelques options que celui-ci offre à ses élèves, à savoir :
·         l'option bilangue dès la 6ème ;
·         l'option latin dès la 5ème ;
·         l'option classe européenne dès la 4ème ;
·         l'option DP 3 en 3ème.


Nous remercions les membres du conseil d'administration pour leur attention à ces sujets.